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Nomadland
Un film de Chloé Zhao

Par Clémence Duhornay

Réinventer le rêve américain

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          Lion d’or à la Mostra de Venise et détenteur de trois Oscars (dont meilleur film et meilleure réalisatrice), Nomadland avait de quoi aiguiser notre curiosité.

 

     Inspiré par les témoignages de nomades américains tirés du livre enquête de la journaliste Jessica Bruder, Nomadland est un voyage dans lequel le spectateur embarque avec émotion. Tout au long de ce voyage proposé par Zhao, une route est tracée. Parfois dégagée, traversant des paysages désertiques. Ailleurs sinueuse, à la merci d’une nature sauvage. C’est cette route qui relie les moments de vie d’une sexagénaire nommée Fern (Frances McDormand). Vivant dans un van rafistolé et imprégné de souvenirs, Fern est contrainte de quitter Empire, petite ville du Nevada rayée de la carte après la fermeture d’une usine de plaques de plâtres. Elle doit alors laisser derrière elle le souvenir de son défunt époux et son modeste pavillon. Parcourant des kilomètres, de petit job en petit job, Fern représente une nouvelle forme de rêve américain.

     Avec Nomadland, Chloé Zhao s’impose en véritable peintre des paysages de l’Ouest américain. Elle lie le destin de la sexagénaire aux paysages traversés, contemplés et chéries par les nomades modernes rencontrés au cours du voyage. L’émotion de ces personnes âgées, ayant choisi une autre vie que celle que leur offrait notre monde, transperce l’écran, et le coeur des spectateurs. La caméra de Zhao interroge ces visages marqués par le temps. Certaines scènes s’approchent même d’une esthétique documentaire : de longue discussion en plans rapprochés nous permettent de les comprendre. Seule Frances McDormand et David Strathaim sont acteurs professionnels : la justesse de leur jeu permet d’ailleurs à la réalisatrice de filmer avec honnêteté la vie de ces nomades américains. Comme eux, Fern est en quête de soi. Que faire lorsque l’on a tout perdu ? Que faire lorsque la société nous tourne le dos ? Le destin de Fern tourne autour de ces questions fondamentales. Pour les représenter, Zhao se sert une nouvelle fois des paysages. De nombreux plans d’ensemble dévoilent des couchers de soleil uniques dans lesquels s’épanouie Fern. Aucune voix ne vient briser ces moments magiques. La délicieuse musique de Ludovico Einaudi vient seulement accompagner les derniers rayons du soleil, disparaissant dans le désert de cactus. Quelques notes de piano retentissent puis le violoncelle prend le relai : l’émotion vous prend à la gorge.

 

          Finalement, Nomadland ne diabolise pas la société. Cette oeuvre est un témoignage. Zhao dévoile, à l’aide d’un personnage fictif, une réalité. Les scènes plus difficiles dans les fast food, camping ou parmi les cartons d’Amazon incarnent notre monde tel qu’il est. À travers cette quête d’un nouveau rêve, le spectateur a pour guide Fern. Ces choix nous semblent familiers. Nomadland donne envie d’aller de l’avant et de parcourir cette nature salvatrice.

 

Réalisé par Chloé Zhao

Ecrit par Chloé Zhao

Avec Frances McDormand, Linda May, David Strathairn et Charlene Swankie

Produit par Highwayman Films, Hear/Say Productions et Cor Cordium Productions

Durée : 108min

Sortie le 9 juin 2021 au cinéma

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