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Tous mes amis sont morts

Un film de Jan Belcl

Par Mathieu Victor-Pujebet

          Alors que le 28ème festival de Gérardmer vient de fermer ses portes (numériques), c’est la plateforme à l’imposant N rouge qui nous met à disposition sa nouvelle production horrifique. Comédie noire polonaise, Tous mes amis sont morts se veut alors jeu de massacre jouissif, ce qu’il n’est qu’à moitié.

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     L’histoire est celle d’une soirée de jeunes gens qui vire au massacre général. Tout simplement.

     Un postulat de base à la simplicité confondante que le film épouse complétement avec un récit encadrant qui se déroule le lendemain de la soirée, une fois qu’absolument tous les participants sont tombés au combat. Dispositif rependu qui désamorce toute ambiguïté mais qui distille une ironie dramatique qui pourrait être assez savoureuse si l’écriture et la mise en scène de Jan Belcl ne trainaient pas autant de la pâte. En effet, après une introduction relativement intrigante, le film exhibe toute une galerie de personnages clichesques à la caractérisation paresseuse. Le rappeur neuneu et sa copine qui a la tête dans les étoiles, le couple qui croit que tout va bien mais dont la vie sexuelle déconne un peu, le dragueur insupportable, les loosers qui ont du mal à trouver une copine et la nana désinhibée… Jan Belcl dessine toute une galerie de personnages, qui, comme dans un slasher, n’auront comme seul intérêt que de se faire décimer ou de s’entre-tuer. Cependant le cinéaste polonais peine à créer un minimum d’empathie ou ne serait-ce qu’un maigre intérêt pour ces coquilles vides, bêtes et sans doute trop nombreuses pour le scénariste/ réalisateur. Car malheureusement, ce n’est pas la mise en scène du bonhomme qui va rattraper cette écriture peu entrainante. En effet, après une présentation assez mécanique des personnages, Jan Belcl tente d’insuffler un peu d’énergie à cette soirée mais échoue finalement à instaurer un vrai rythme autrement que par des gimmicks trop superficiels. Cette caractérisation paresseuse et sa mise en scène poussive rend les deux premiers tiers d’installation de ce massacre final, vraiment laborieux et longuets.

     Néanmoins, une fois tous ses pions installés, la mise en scène de Belcl commence à s’exciter un peu, le montage à s’accélérer et l’écriture à s’énerver contre ses personnages. Tous mes amis sont morts exécute alors enfin son programme et passe alors de la teen comédie balourde et vulgaire, à un jeu de massacre assez jouissif, méchant et gentiment timbré. Tous les petits neux narratifs installés avec difficulté dans ses deux premiers tiers sont ainsi déchirés avec une méchanceté et une véhémence assez stimulante et excitante pour le spectateur.

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          Il faut cependant éviter de crier victoire trop vite, le film trébuchant légèrement sur une référence trop appuyée qui surgit de temps à autre durant cette dernière partie (coucou Shining). Il faut également parler d’un épilogue en demi-teinte, entre rayon de soleil d’une amère mélancolie dans son idée, et niaiserie assez consternante dans son exécution. Mais finalement, sans la moindre fulgurance ni révolution, et malgré une première partie trop sage et balourde, Tous mes amis sont morts réussi à installer une bonne énergie dans un climax impoli et frais, finalement tout ce dont nous avons besoin en cette période de manque de fête.

 

Réalisé par Jan Belcl

Ecrit par Jan Belcl

Avec Julia Wieniawa-Narkiewicz, Nikodem Rozbicki et Mateusz Więcławek

Produit par Aurum Film

Durée : 96min

Sortie sur Netflix le 3 Février

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