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Suprêmes
Un film d'Audrey Estrougo

Par Corentin Burguiere

LAISSE PAS TRAINER TON FILM

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          Avec son nouveau long-métrage, Audrey Estrougo s’apprête à tenter sa chance aux Césars après avoir surpris au dernier Festival de Cannes.

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     L’histoire est celle du parcours de Didier Morville et Bruno Lopes, respectivement Joey Starr et Kool Shen, de leur première scène jusqu’à leur premier Zénith. Il est également question de la création et l’évolution du groupe NTM dans un contexte social complexe des années 90 en France.

     Suprêmes est un mélange survitaminé de rap et de violence, complété par deux acteurs possédés par leurs personnages. Néanmoins, il s’agit avant tout d’un film sur la société. L’histoire de deux jeunes ados issus de la banlieue de Saint Denis en plein contexte de crise sociale, qui trouvent dans le rap une échappatoire mais également une forme d’exutoire et de reconnaissance. Le film s’ouvre sur un discours de François Mitterrand concernant la jeunesse, et vient nous rappeler à de nombreux moments que la vie en banlieue est un monde à part, régit par ses propres règles, et totalement hermétique à la moindre critique sur son fond comme sur sa forme.

     C’est un contraste malheureusement trop souvent illustré dans le film. La plupart du temps, cela se traduit par une opposition, une discussion entre un ou plusieurs membres du groupe, face à une personnalité d’un milieu différent. Il s’agit tantôt d’un politique, tantôt d’un journaliste, tantôt d’un adjoint au maire, en passant par un policier et un producteur. Si NTM s’est effectivement imposé dans le rap à une époque où celui-ci ne semblait réservé qu’aux américains et a souffert d’une méconnaissance totale du milieu et de ses codes, le manque de diversité des situations rend la chose fabriquée, comme s’il on voulait nous rabâcher inlassablement le même message.

     Le biopic est centré sur la musique, les scènes des concerts se composent comme de véritables clips et offrent une réalisation créative et rythmée. Un vrai travail de préparation a été réalisé en amont pour que le tout soit le plus convainquant possible. La reconstitution de l’époque est crédible et le sens du détail se ressent. Il en va de même pour la préparation des acteurs. Coach vocal, travail sur l’ensemble des archives du groupe, rencontre avec les membres historiques … rien ne semble avoir été laissé au hasard et cela fonctionne.

     Suprêmes séduit essentiellement par ses prestations d’acteurs. Théo Christine campe un Joey Starr fidèle à ce qu’on connait de lui et semble véritablement habité par la personnalité qu’il incarne. Emprunt de certaines mimiques caractéristiques et de la façon d’être du rappeur, il participe grandement à la réussite du film. Sandor Funtek livre une prestation tout aussi impressionnante en Kool Shen, même si son personnage se révèle légèrement moins développé et moins approfondi que son comparse. Leur prestation leur a déjà permis de se frayer un chemin jusqu’à Cannes et dans la liste des révélations de l’année des Césars.

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          Le film s’inscrit dans une lignée classique des biopics sans vraiment en innover dans la forme. On suit chronologiquement les évènements, comme des cases à cocher et le film tente, tant bien que mal, d’imposer un message social.

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Réalisé par Audrey Estrougo

Ecrit par Audrey Estrougo et Marcia Romano

Avec Théo Christine, Sandor Funtek et Felix Lefebvre

Produit par Nord-Ouest Films et Artémis Productions

Durée : 112min

Sortie le 24 novembre 2021 en salles

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