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Barbaque
Un film de Fabrice Eboué

Par Mathieu Victor-Pujebet

100% Bio

 

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          Après trois longs-métrages aux réceptions publiques inégales, l’humouriste, acteur et cinéaste Fabrice Eboué est de retour avec une nouvelle comédie : Barbaque.

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     L’histoire est celle de Vincent (Fabrice Eboué) et de Sophie (Marina Foïs), un couple de bouchers qui, après avoir tué accidentellement un militant végan, vont se mettre à en assassiner d’autres avant de les vendre sous forme de viande dans leur boucherie…

     En accord avec son pitch provocateur, Fabrice Eboué dessine une galerie de personnages secondaires, végans, tous caricaturaux et gentiment idiots, qui font face à un duo de protagonistes principaux qui sont entre la bêtise, la méchanceté et l’appât du gain. Barbaque tire sur les deux camps : sur tout le monde, et donc sur personne. Mais ce n’est pas l’objet du film : si le cinéaste nous offre une comédie sanglante qui se refuse à tout discours et tout parti pris sur un côté ou l’autre de la question, ce n’est pas par une obscène frilosité mais par une volonté, d’une réjouissante innocence, de simplement mettre le feu partout et d’en rire à gorge déployée. De plus, dans cette idée de pur trip gras et mongoloïde, Eboué semble plus que jamais s’être abrogé de tout filtre, faisant osciller le film entre, certes parfois la farce obèse et balourde, mais aussi vers des horizons de malaise et de drôlerie granguignolesque fortement jubilatoire. Dans son abondante générosité, Barbaque témoigne ainsi, et ce même dans ses moments les plus facilement grossiers, du vrai plaisir de son équipe à la fabrication du long-métrage.

     Et l’énergie communicative du film transparait également dans la jubilatoire interprétation de ses comédiens. En effet, pas ici d’ambitieux contre-emploi, néanmoins, l’acteur-réalisateur reviens à l’os de son propre panel d’interprétation et de celui de sa partenaire pour atteindre un niveau comique très séduisant, sans aller dans la démonstration ou l’auto-caricature. C’est ainsi grâce à ce travail d’équilibriste que l’acidité et la méchanceté du jeu de Marina Foïs n’a que rarement été aussi piquant, de la même façon que la fausse naïveté conjuguée à la tendre bourrinerie de Fabrice Eboué semble atteindre ici la quintessence de sa grasse drôlerie et de sa douceur. L’incandescence et l’élan de ce duo central donne corps à Barbaque, d’autant plus aux vues de son intrigue amoureuse plus maligne et dérangeante que ce que le point de départ du film aurait pu laisser croire. En effet, certes le massacre mené par le couple aura pour but de relancer la machine de leur boucherie qui tournait au ralenti, mais il s’agit également ici de réenchanter cette relation qui semble morte depuis un moment en début de long-métrage. Mais pas ici de niaiserie mal placée ou de féérie antinomique avec le reste du film : le personnage de Marina Foïs se transforme en une sorte de perverse narcissique qui pousse son mari à tuer, celui-ci faisant tout pour reconquérir celle qu’il aime.

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          Et c’est avec ses personnages mal-aimables, sa générosité humoristique et gore ainsi que son jusqu’au-boutisme constant que Barbaque séduit, malgré le sentiment que le film a du mal à complétement emplir son espace sans étirer son concept et se répéter un peu. Le dernier long-métrage de Fabrice Eboué n’en reste pas moins un jeu de massacre d’une jubilation quasi-totale.

 

Réalisé par Fabrice Eboué

Ecrit par Fabrice Eboué et Vincent Solignac

Avec Fabrice Eboué et Marina Foïs

Produit par Cinéfrance Studios

Durée : 87 min

Sortie le 27 octobre 2021 en salles

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