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Malcolm and Marie

Un film de Sam Levinson

Par Sacha Cerqui

          Sam Levinson, réalisateur de la fameuse série Euphoria (2019), offre sur Netflix son dernier film tourné pendant le premier confinement en 2020 : Malcolm and Marie, avec Zendaya et John David Washington. L’histoire tourne autour d’un réalisateur et de sa copine qui vont s’enfoncer dans une conversation abordant leur relation, l'état de l’industrie du cinéma et son cynisme croissant. 

 

     Au premier abord, Malcolm And Marie semble particulièrement attractif. Le choix du noir et blanc relève déjà une volonté esthétique qui reste plutôt élégante. Que peut-on dire des personnages et du discours que ces deux vont construire tout au long du film ? Le long métrage réserve beaucoup de place à de grands discours et monologues sur l’inspiration, l’identité, le reflet de l’auteur sur l'œuvre. D’un autre côté bien éloigné et sans lien apparent, il explore les mœurs d’un couple qui se tient miraculeusement par un fil presque inexistant. Malheureusement, tous ces discours semblent être purement au premier degré : ce que l’on entend n’est que ce qu’il y a. Les personnages vont cracher leurs idées à gauche et à droite, sabotant l’expérience d’une recherche symbolique autre que dans le dialogue. Sa mise en scène n’est pas mauvaise, au contraire elle fait preuve de plusieurs plans qui utilisent les décors pour séparer physiquement et sentimentalement le couple, mais elle n’est pas aussi présente que la conversation interminable des personnages.

     Levinson consacre également une bonne partie du film à l’industrie du cinéma, où comment le moralisme devient une problématique causée par le cynisme de la critique qui ne comprend pas ce que le créateur a voulu dire, et comment tout discours devient automatiquement politisé. Ces énormes discours sont décorés par de nombreuses références à des réalisateurs (modernes ou classiques) que Malcolm voit comme le grand cinéma. C’est avec cette idée qu’en tournant en rond après la 3ème discute, je me demandais si cette façade élégante et le choix d’une colorimétrie en noire et blanc n’étaient qu’en fait la volonté de Levinson de se rapprocher de ce cinéma d’excellence auquel il fait constamment allusion.

    C'est ainsi l'enjeu même du film qui finit par heurter l'œuvre. Les premières des nombreuses disputes sont plutôt intéressantes. Mais c’est à la troisième ou on perçoit une monotonie dans la structure des dialogues : ils commencent à se disputer, un des deux retourne un monologue où il détruit l’autre et puis les rôles s’inversent. Ils se séparent pendant quelques instants, ils recommencent à parler et c'est reparti. C’est indéniable que le film à des moments très divertissants et que certaines conversations sont particulièrement amusantes, sans oublier sa bande sonore spectaculaire. Néanmoins, ses nombreux défauts sont difficiles à ne pas tenir en compte.


          Alors si vous avez de la patience, que vous manquez de disputes interminables avec vos proches, ou de stylisme cinématographique… ou que juste vous n’avez rien à voir d’autre : ce film peut être conseillable. Juste soyez prêts à faire face à l'énorme embrouille que Levinson a construite.

 

Réalisé par Sam Levinson

Ecrit par Sam Levinson

Avec Zendaya et John David Washington

Produit par Little Lamb et The Reasonable Bunch

Durée : 106min

Disponible sur Netflix depuis le 5 février 2021

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