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The Nest

Un film de Sean Durkin

Par Mathieu Victor-Pujebet

          10 ans après un premier passage remarqué derrière la caméra avec Martha Marcy May Marlene (2011), Sean Durkin est de retour en tant que cinéaste avec The Nest, présenté à Sundance et lauréat du grand prix, du prix de la critique internationale et du prix de la révélation au festival de Deauville 2020.

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     L’histoire est celle de Rory (Jude Law), un entrepreneur ambitieux qui décide de quitter son confort new-yorkais pour retourner vivre à Londres avec sa femme (Carrie Coon) et ses enfants (Oona Roche et Charlie Shotwell) en s’installant dans un manoir anglais qu’ils peuvent à peine s’offrir…

     Une famille unie, ou en tous cas en apparence, qui va ainsi mettre en péril son équilibre sous l’impulsion du mari qui va tenter de s’enrichir et de maintenir son niveau de vie. Le projet de Sean Durkin dévoile alors une volonté de donner à voir, avec rigueur, précision et acuité, la tentative que l’on apprendra être désespérée d’un homme pour se créer un monde. En effet, le personnage de Jude Law, qui durant toute une partie du film subit une caractérisation de faux dévot, se révèle être la première cible et victime de ses mensonges, tentatives d’appartenir, ou de se le faire croire, à une classe sociale dont il n’est pas originellement issu. Cette (auto)manipulation va évidemment contaminer la cellule familiale qui, au fil d’une lente agonie, va prendre conscience de son aliénation et tenter de s’en défaire en un troisième temps du film assez passionnant dans son tragique virage. Hélas, la façon avec laquelle Durkin met en scène cette explosion finale rompt avec son propre programme. En effet, en filmant cette libération avec la même distance que la précédente aliénation de ses personnages, le cinéaste s’oblige à une certaine distance là où tout semblait guider le spectateur vers une décharge finale volcanique. Et si cette envolée manquée par le film peut être regrettée, il en est de même pour le traitement du fantastique. En effet, si cette maison gothique et les vibrations toxiques du long métrage miment vaguement l’atmosphère d’un certain cinéma de genre, Durkin semble conserver là aussi une certaine distance, presque médisante, avec le fantastique qu’il fait mine d’invoquer.

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          Ainsi, s’il semble regrettable que The Nest ne se salisse pas un peu plus les mains et rompe un temps soit peu avec la distance surplombante dont il fait preuve, il en reste un long métrage passionnant au matériel émotionnel et réflexif fou.

 

Réalisé par Sean Durkin

Ecrit par Sean Durkin

Avec Carrie Coon, Jude Law, Oona Roche et Charlie Shotwell

Produit par FilmNation Entertainment, BBC Films et Telefilm Canada

Durée : 107min

Diffusé sur Canal + le 9 Février

Disponible sur MyCanal

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