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Dune
Un film de Denis Villeneuve

Par Clémence Duhornay

Phénomène d'une beauté glaçante

 

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           Après avoir réalisé deux films de science-fiction dont la brillante suite de Blade Runner (Blade Runner 2049, 2017), Denis Villeneuve s’est attaqué à l’adaptation de ce que l’on pourrait appeler une bible de la science-fiction : Dune, le roman phénoménal écrit par Frank Herbert en 1965. En effet, les adaptations et projets avortés d’Hollywood avaient prouvé au monde du cinéma les dangers de cet univers foisonnant et complexe. Pourtant, concrétisant son rêve d’adolescent, Villeneuve a relevé un défi herculéen.

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     Le réalisateur québécois entraîne le spectateur en l’an 10191 sur la planète-désert Arrakis, surnommée Dune et foyer d’une denrée précieuse pour l’univers : l’Épice. Avec Dune, Villeneuve pose les bases en faisant le choix d’adapter seulement la première moitié du livre. Ainsi, cette première partie prend le temps d’exploiter les idées d’Herbert. Les néophytes comprennent aisément qu’après trente années d’exploitations d’Arrakis par la terrible Maison Harkonnen, l’empereur décide de confier cette ressource à la Maison Atréides. Famille ancestrale dont le fils unique du Duc Leto (Oscar Isaac), serait l’Élu tant attendu. Un jeune messie du nom de Paul (Timothée Chalamet), pouvant voir à travers le temps et l’espace…

     Par le biais de ce premier volet, Villeneuve redessine un univers naturel, en accord avec la sobre apparence des protagonistes. Une colorimétrie restreinte sert l’esthétique minimaliste développée : les différentes planètes, dont Arrakis, s’incarnent à l’écran de façon palpable, épurées de tout effet baroque parfois propre au genre de la SF. Les décors naturels permettent à Dune de rester proche du spectateur : un monde presque familier selon certains aspects. Le désert semble aride et infini, les palais sont vides et monochromes. D’une beauté sans pareille, cet esthétisme glacial habite chaque plan.

     C’est surtout l’immense destin planant au-dessus de Paul, brillamment interprété par un Chalamet taciturne, qui mystifie l’histoire. Les spectateurs se retrouvent face à plusieurs conflits bouleversant cet univers lointain. Il est facile de comprendre les parallèles avec notre monde actuel : colonisation, écologie, guerres de religions… Herbert était un visionnaire, mais le film de Villeneuve l’est-il ? En matière d’innovations techniques, Dune est à la pointe de la technologie. En effet, c’est grâce à l’utilisation de panneaux LED, permettant aux acteurs de jouer dans un décor réel reconstitué sur des écrans dans un studio à 360 degrés, que l’univers du film devient concret. Seulement, malgré une mise en scène remarquable qui sublime les décors palpables, quand ils ne sont pas carrément naturels, une couche de glace se forme entre le spectateur et l’histoire se jouant devant lui. Le désert brulant d’Arrakis n’y change rien, l’émotion reste absente de ce long métrage. Entre visions prophétiques et guerres interstellaires, Paul avance d’une manière presque robotique. Il faudra attendre patiemment la suite pour comprendre plus en détail la psychologie de ce messie Villeneuvien.

 

          Ainsi, Dune est un film virtuose, mise en bouche pour annoncer, peut-être, un véritable phénomène cinématographique.

 

Réalisé par Denis Villeneuve

Ecrit par Denis Villeneuve, Eric Roth et Jon Spaihts

Avec Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Oscar Issac et Stellan Skarsgard

Produit par Legendary Pictures

Durée : 155min

Sortie le 15 septembre 2021 au cinéma

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