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Séance de rattrapage
#Eté 2021

Par Mathieu Victor-Pujebet

          Après 200 jours de fermeture, les cinémas ont rouvert le 19 mai dernier, laissant la possibilité à un nombre de films conséquent d’enfin atterrir en salles, et ce, durant tout un Eté qui a été riche en émotions. Et en cette période de rentrée, l’équipe de Scope 35 a décidé de passer en revue les films les plus marquants de cet Eté 2021, en faisant le choix de se concentrer exclusivement sur ceux qui nous ont le plus fait vibrer, dans le but de revenir sur des œuvres que le temps ne nous a pas permis de chroniquer sur le site mais également de fêter à notre manière cette réouverture des salles qui a été dense et d’une grande diversité de genres, de styles et de propositions.

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[en complément à cette liste, retrouvez les critiques des films qui sont sortis depuis la réouverture via le menu critique]

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Petite maman

de Céline Sciamma

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Alors que sa grand-mère vient de décéder et que sa mère (Nina Meurisse), plongée dans la tristesse, s’éloigne d’elle, une petite fille de huit ans (Joséphine Sanz) rencontre sa mère lorsque celle-ci avait son âge (Gabrielle Sanz). Dans ce nouveau film, Céline Sciamma narre ainsi la rencontre d’une jeune fille avec sa mère à travers un réalisme poétique qui lui permet d’atteindre un niveau de sensibilité et d’évocation absolument bouleversant. Sa mise en scène minimaliste, le caractère évocateur de son écriture ou encore sa sublime photographie automnale : Petite maman surprend par son ampleur au-delà de son apparente petitesse, une balade d'un éclat et d'une incandescence folle.

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Avec Joséphine Sanz et Gabrielle Sanz, 72min, Français, 2 juin 2021

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Vaurien

de Peter Dourountzis

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Un tueur et violeur en série (Pierre Deladonchamps) arrive à Paris. Il n’a pas d’argent, ni d’endroit où dormir, mais ses talents de séducteur lui permettent toujours d’avoir ce qu’il veut… La grande idée du film de Dourountzis est de ne (presque) jamais montrer les séquences de meurtres ou de viols, non pas par auto-censure mais pour se recentrer sur cette étrange vibration qui précède et suit ces évènements. En résulte un thriller décomposé, fragmenté, une errance vers l’abime à la fois perturbante et résolument hypnotique.

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Avec Pierre Deladonchamps, Ophélie Bau et Marie Colomb, 95min, Français, 9 juin 2021

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La Nuée

de Just Philippot

 

Une mère de famille (Suliane Brahim), qui élève seule ses enfants (Marie Narbonne et Raphaël Romand) décide de se lancer dans l’élevage de sauterelles. Elle commence peu à peu à tisser un lien obsessionnel avec ses animaux, au point de créer de l’incompréhension autour d’elle. Drame social, portrait familial, puis thriller horrifique jusqu’au body horror Cronenbergien : le premier long-métrage de Just Philippot traverse les genres avec une souplesse et une force assez rafraichissante. Quand bien même le film souffre de son climax qui s’emballe un peu, il en reste un portrait de femme et de la lutte entre artisanat et industrie qui reste très intéressant, touchant et terrifiant.

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Avec Suliane Brahim, Marie Narbonne et Raphaël Romand, 101min, Français, 16 juin 2021

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Gagarine

de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh

 

Un adolescent de 16 ans (Alseni Bathily) tente avec ses amis (Jamil McCraven et Lyna Khoudri) de sauver de la destruction la cité où ils habitent : la cité Gagarine à Ivry-sur-Seine. Le premier long-métrage du duo Liatard/Trouilh a ça de très beau qu’il prend le parti pris d’injecter du merveilleux dans son approche de la cité, non pas comme un déni du réel, mais par une extrapolation de celui-ci. Ainsi, ici les immeubles ont des cimetières, les lumières dans la nuit servent de langages et les bâtiments sont filmés comme des vaisseaux spatiaux. On regrettera simplement un climax en deçà où la tension entre réel et imaginaire s’efface peu à peu pour boucler le récit. Néanmoins, entre images d’archives et filmage stellaire, Gagarine construit sa propre mythologie et se pose la question de ce qu’il nous reste quand on nous retire la seule chose que l’on a : un chez-soi.

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Avec Alséni Bathily, Lyna Khoudri et Jamil McCraven, 98min, Français, 23 juin 2021

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Un espion ordinaire

de Dominic Cooke

 

Brillant film d’espionnage narrant la véritable histoire de Greville Wynne, représentant de commerce anglais dans les années 60. Benedict Cumberbatch excelle dans le rôle de l’anglais quelconque se retrouvant malgré lui employé par le MI-6 et la CIA pour recueillir des renseignements sur l’URSS, par le biais du colonel soviétique Oleg Penkovsky. La mission : éviter un affrontement nucléaire en pleine guerre froide. Par le biais d’un suspense insoutenable concernant le destin de Mr. Wynne, Cooke réussit à tenir en haleine le spectateur. Excellent témoignage d’une morale existant seulement chez les gens ordinaires, instrumentalisés sans scrupule par les puissants de ce monde, comme les pions d’un échiquier…

 

Avec Benedict Cumberbatch et Merab Ninidze, 1h52 min, Américano-britannique, 23 Juin 2021

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Annette

de Leos Carax

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Une star de stand-up (Adam Driver) et une cantatrice de renommée internationale (Marion Cotillard) tombent amoureux et donnent naissance à une petite fille au destin extraordinaire. Opéra rock somptueux et toxique, le nouveau long-métrage de Leos Carax peint, avec son sens caractéristique de l’évocation, la relation trouble entre ces deux amants aux airs de #MeToo, aboutissant au crime et à l’impossible réconciliation intergénérationnelle. Un voyage certes un peu inégal, mais résolument dément et bouleversant, comme seul le poète en connait la clé.

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Avec Adam Driver, Marion Cotillard et Simon Helberg, 140min, Français, 7 juillet 2021

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Benedetta

de Paul Verhoeven

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Au XVIIème siècle, une nonne (Virginie Efira) voit son quotidien perturbé par l’arrivée d’une nouvelle jeune femme dans son couvent (Daphné Patakia). L’acidité du cinéma de Paul Verhoeven est de retour avec un nouveau film dont la fusion de l’acuité de la mise en scène au sein même de son apparent grotesque est toujours aussi frappante. Le cinéaste se pose ici la question très intéressante de la prise de pouvoir d’une femme dans un monde dont le rapport au corps et au féminin est éminemment corseté. La plasticité toc de certains effets du long-métrage peut lui être reproché, néanmoins, l’efficacité du récit et la frénésie de la mise en scène impressionnent toujours autant chez Verhoeven.

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Avec Virginie Efira, Daphné Patakia et Charlotte Rampling, 126min, Français, 9 juillet 2021

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Titane

de Julia Ducournau

 

Une tueuse en série en fuite (Agathe Rousselle) va prendre l’identité d’un garçon disparu depuis 10 ans et ainsi essayer de vivre aux côtés du père de cet enfant (Vincent Lindon). Palme d’or débattue, le second long-métrage de Julia Ducournau est un trip à la fois brutal et sensible sur la rencontre de deux monstres dont le rapprochement donnera naissance à une (nouvelle ?) forme d’humanité. Réflexion sur le genre, à la fois cinématographique et sexuel, Titane est un film mutant aussi beau que repoussant. Quand bien même les références de la cinéaste sont peut-être moins rigoureusement digérées que pour son précédant film, elles lui ouvrent des possibilités stylistiques d’une étonnante rugosité.

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Avec Agathe Rousselle, Vincent Lindon et Garance Marillier, 108min, Français, 14 juillet 2021

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Milla

de Shannon Murphy

 

Tomber amoureuse d’un « mauvais garçon », phase plus ou moins classique de l’adolescente rebelle. Ainsi, entre le lycée et les cours de violon, Milla tombe amoureuse au premier regard de Moses, jeune homme plus âgé, toxicomane et sans domicile fixe. Seulement, derrière cette histoire d’amour incongrue se dissimule des êtres meurtris puisque la jeune Milla souffre d’un cancer, qui risque de l’emporter prématurément. Shannon Murphy développe un équilibre parfait entre le rire et les larmes, entre le rêve d’un amour de jeunesse et la dure réalité d’ici bas. Un découpage poétique morcelle la vie de la jeune fille, emplie de joie malgré la gravité de la situation. Sans jamais tomber dans le pathos, Murphy a trouvé le bon angle pour traiter cet âpre sujet.

 

Avec Toby Wallace et Eliza Scanlen, 118min, Australien, 28 Juillet 2021

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La Loi de Téhéran

de Saeed Roustayi

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Un policier (Payman Maadi) traque un parrain du crack (Navid Mohammadzadeh) dans les rues de Téhéran où 6,5 millions de personnes sont accros. Film ambivalent, le nouveau long-métrage de Saeed Roustayi stimule constamment l'attention du spectateur en renouvelant perpétuellement, avec souplesse et malice, chacune des strates de son film : son genre (polar urbain puis thriller carcéral), son point de vue (d'abord celui du flic, puis celui du trafiquant) jusqu'à l'empathie même du spectateur (chaque personnage étant caractérisé par une superposition de gris). La Loi de Téhéran en devient un film incroyablement organique et fort.

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Avec Payman Maadi et Navid Mohammadzadeh, 134min, Iranien, 28 Juillet 2021

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Bac nord

de Cédric Jimenez

 

En 2012, des policiers de la BAC Nord marseillaise sont accusés de corruption, racket ou extorsion en bande organisée… Selon leurs dires, ils auraient été poussés par leur supérieurs hiérarchiques, en quête de réussite pour la brigade anti-criminalité. Ainsi, en recentrant ce fait divers sur le destin de trois policiers, Jimenez plonge le spectateur dans l’envers du décor de ce métier qui, dans le contexte actuel, fait grincer des dents. Dès les premières secondes, le spectateur est happé dans l’enfer des quartiers Nord de Marseille. Film pouvant être considéré comme pro-police, Jimenez porte un regard assumé sur la cité : zone de guerre infestée par des dealers masqués. Pourtant, à travers l’injustice subie par les trois policiers, Bac nord semble plutôt dénoncer le fonctionnement du système policier et politique de notre pays. Malgré cette vision à double tranchant, le film de Jimenez n’en reste pas moins un excellent polar se distinguant grâce à des scènes d’actions soignées, rythmées par une bande originale grisante.

 

Avec Gilles Lellouche, François Civil et Karim Leklou, 1h47 min, Français, 18 Août 2021

Par Mathieu Victor-Pujebet

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Par Clémence Duhornay

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