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Invisible man

Un film de Leigh Whannell

Par Antoine Barillet

          En 2017, Universal Pictures s’est souvenue qu’elle possédait les droits d’un catalogue très fourni de monstres (le loup-garou, Dracula, Frankenstein…). C’est alors que pour relancer les Universal Monsters, la société de production a choisi La Momie avec comme acteur titre Tom Cruise. Triste fut de constater que le film ne faisait pas grand cas de sa créature en titre. Le film fut à la fois un flop critique et économique. Depuis nous n’entendions plus parler de ces horribles créatures, jusqu’à fin 2019 où Blumhouse et Universal ont annoncé la sortie d’Invisible Man.

 

          Réalisé par Leigh Whannell (coauteur de Saw et Insidious et réalisateur de Upgrade), le métrage raconte l’histoire de Cécilia Kass (très bien interprétée par Élisabeth Moss) qui décide de fuir son riche et brillant mari scientifique au comportement violent et tyrannique. Mais après le suicide de l’homme, Cécilia est persuadée qu’il n’est pas mort et cherche à prouver qu’il lui veut du mal.

La première marque d’intelligence du film est d’avoir pris la femme de l’homme invisible comme personnage principal et d’avoir transposé intelligemment le récit en pleine période #metoo (Non pas comme la plupart des désastres qu’a accouché le Hollywood post-#metoo). Plus qu’un film de fuite et de chasse, le message du film prend tout de suite une dimension sociale et féministe, montrant la triste difficulté d’être écoutée et d’oublier son agresseur.

Sobrement, le film s’ouvre sur son titre Invisible man qui disparaît avec une vague s’échouant sur un rocher. Le spectateur est tout de suite plongé dans l’action ou plutôt dans la tension puisque c’est là qu’est la force du film : faire monter la tension. Et en cela, le réalisateur réussit la difficile tâche de filmer l’invisible, le vide. C’est ainsi que le film se démarque des autres productions hollywoodiennes, il n’a pas besoin d’amasser nombre d’effets spéciaux pour effrayer, mais seulement de filmer le vide et laisser durer les plans. Il nous propose même au travers d’une scène, un champ contre champ entre Cécilia Kass et… une porte ouverte, cependant par la mise en scène du film, le spectateur est conscient que dans cet entrebâillement de porte se trouve l’agresseur. D’autres procédés sont très intéressants mais malheureusement sous exploités : la fumée du souffle de l’homme invisible qui respire dehors ou les traces de pas du monsieur sur la peinture fraîche. La force du film réside aussi dans le travail sur le son : la combinaison qui rend l’homme invisible émet un léger grésillement venant annoncer de son approche.

Malheureusement le plus gros défaut du film est de plonger dans l’action hollywoodienne aseptisée. Après une superbe heure de frisson, le film vire au blockbuster avec une scène de bagarre dans un hôpital psychiatrique vue et revue (presque la seule scène qui use d’effets spéciaux). Et même si l’histoire se tient bien (bonne idée de faire douter l’actrice principale sur l’identité de l’homme invisible), le final même s’il est légitime semble trop prévisible.

 

          Finalement, Invisible man est une très bonne série B (le haut du panier du catalogue Blumhouse) qui sans surfer sur un certain opportunisme apporté par #metoo, livre un récit ancré dans son époque. Si filmer l’invisible peut sembler contraignant, cela sert en réalité le film qui se concentre sur le point de vue de Cécilia Kass et joue ainsi sur l’imaginaire du spectateur.

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Réalisé par Leigh Whannell

Ecrit par Leigh Whannell d'après l'oeuvre de H.G Wells

Avec Elisabeth Moss, Oliver Jackson-Cohen, Harriet Dyer, Aldis Hodge et Storm Reid

Produit par Blumhouse et Universal Pictures

Durée : 2h05

Sortie le 26 février 2020 

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