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La Communion

Un film de Jan Komasa

Par Jules Richard

          Peut-on conclure que le mensonge est constamment motivé par une mauvaise action ? C’est du moins un des sujets principaux du 3ème long métrage du réalisateur polonais Jan Komasa. Ce film s’est avéré devenir son projet cinématographique le plus important de sa carrière (pour l’instant) en obtenant une nomination pour le meilleur film étranger à la cérémonie 2020 des Oscars. Film qui nous dépeint une campagne polonaise encore attachée avec ses traditions religieuses à travers les yeux d’un jeune homme en quête de rédemption, La Communion est un film qui relate autour du développement de la spiritualité d’un adolescent dans la société polonaise actuelle.


Inspiré de fait réel, Daniel à 20 ans. Envoyé dans un centre de détention pour jeunes criminels, il va se lier d'amitié avec le prêtre du pénitencier, et se tourner vers la religion catholique. Relâché en conditionnement pour aller travailler dans une scierie dans une campagne il va être pris malencontreusement pour le prêtre remplaçant du village…

     Le film débute sur une scène d’agression durant un travail collectif dans le centre de redressement. L’ouverture nous présente une image particulièrement violente du milieu carcéral dans lequel la jeunesse polonaise baigne. Par l’intermédiaire de ce moment, nous découvrons le protagoniste qui va passivement observer cette agressivité communautaire. Ce garçon, Daniel (interprété par Bartosz Bielenia pour son premier long métrage), souhaite rentrer dans les ordres et devenir prêtre. Durant son séjour en prison Daniel s’est épris d’amitié pour Tomasz le prêtre de la prison. On comprend rapidement que le jeune Daniel se crée une nouvelle identité grâce aux cours spirituels qu’il a reçu durant son séjour en isolement. Daniel semble chercher une forme de pardon. Envoyé grâce au soutien du père Tomasz travailler à la campagne, Daniel va commencer sa quête de rédemption. Le réalisateur se sert du village comme d’une métaphore pour mettre en scène une société polonaise renfermée sur elle-même, campant sur d’anciennes traditions religieuses. Néanmoins la narration va suivre le choc intergénérationnel, la confrontation de cette société face à la jeunesse des idées de Daniel. Un malentendu survient lors de l’arrivée de Daniel, qui va être confondu avec le prêtre qui succède au prêtre du village. S’enfonçant de plus en plus dans son mensonge, le spectateur est témoin de l’évolution du choix conscient de Daniel envers les habitants du village. Le lourd secret caché par le village que Daniel essaye de découvrir ainsi que son charisme grandissant au sein de la communauté lui développent une oration de leader, magnifiquement interprété par l’acteur qui nous livre un jeu d’acteur juste pour son personnage. Daniel apparait donc ici comme un héros, venant en aide à un groupe de personnes dans le besoin, ce qui appuie la narration vers une dimension spirituelle, mais également les narrations classiques hollywoodiennes. Cependant, on est ici plongé dans une histoire de tromperie qui remet la vision que chaque habitant porte sur leur propre foi. Le personnage de Daniel va permettre de mettre en exergue les multiples torts des villageois ainsi que leurs moyens de trouver le repos en manipulant leur religion. Mais également de remettre en question la gestion de la jeunesse polonaise, qui grandit dans la violence. 

     Le film est rythmé par l’ampleur que prend le mensonge, ce qui donne lieu à un suspense qui monte crescendo, attendant la fin de celui-ci avec angoisse. Par ailleurs, on peut voir que le film oscille entre plusieurs ambiances, premièrement sombre avec l’histoire du village qui porte un lourd secret. Ce qui contraste avec le personnage de Daniel qui malgré avoir connu le pénitencier vient ici apporter avec sa jeunesse, un souffle de renouveau dans le village, ce qui donne lieu à des scènes légères de fêtes ; Parfois même des passages humoristiques. La lumière est également aux services de la narration avec tantôt des plans plongés dans une ambiance nocturne pour les scènes d’église mais également dans la chambre de Daniel. À contrario, le long métrage met en scène toute l’étendue de la beauté de la campagne polonaise avec de belles scènes d’extérieures, illuminées par une couleur naturelle.      

 

          Pour conclure La Communion est un acte de foi mené par Jan Komasa tentant de mettre en scène sa vision de la Pologne. Cette histoire vient rappeler que malgré l’implication de chacun dans sa propre foi nous restons et resterons humains, répétant nos fautes, imparfaits. Mais chaque personne peut accéder à une forme de rédemption. Comme en conclut le film, en venant de l’ombre nous pouvons être poussés dans la lumière. La Communion est un film unique dans son genre qui vient déranger le spectateur, le faire réfléchir autour de la foi et de la vie en communauté. Une mise en scène qui reste classique toute fois sublimée par un jeu de lumière créant une véritable ambiance, mais également par le jeu d’acteur du jeune Bartosz Bielenia qui livre ici une excellente prestation, ce qui laisse espérer un bon avenir pour celui-ci. 

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Réalisé par Jan Komasa

Ecrit par Mateusz Pacewicz

Avec Bartosz Bielenia, Aleksandra Konieczna, Eliza Rycembel

Produit par Les contes modernes et Aurum film

Durée : 1h58

Sortie le 4 mars 2020 / 22 juin 2020 (ressortie)

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