Après la sortie de la dernière saison de Dark diffusé par Netflix, qui a fait grande sensation, le cinéma allemand revient sur nos écrans cet été avec un polar sombre. Le film est un remake de la Isla Minima, film espagnol réalisé par Alberto Rodriguez sortie en 2014. L’histoire respecte l’original puisqu’on suit l’investigation de deux flics enquêtant sur la mort de deux adolescentes. L’affaire se déroule juste après la chute du mur de Berlin dans une Allemagne fraichement réunifiée. Plongés au plein cœur d’une lointaine campagne allemande, deux policiers avec des méthodes différentes vont devoir faire équipe afin de percer à jour le mystère qui entoure le double meurtre des adolescentes. Entourée d’un d’élément mystérieux et plongée dans un climat tendu à la suite de la chute de la RDA l’enquête va prendre une toute nouvelle ampleur…

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En abordant ce film on peut se questionner quant à l’utilité de faire un remake ne racontant rien de nouveau par rapport à l’original sorti 6 ans plus tôt. Cependant, mise en scène et réalisation sont les principaux éléments intéressants de Lands of Murders, ne présentant qu’une histoire peu originale par rapport au nombre de polars déjà existants (mise à part quelques rebondissements mineurs). Le film se démarque premièrement grâce à son duo d’acteurs germaniques pour les rôles des deux enquêteurs Patrick Stein et Markus Bach incarnés respectivement par Trystan Pütter et Felix Kramer. Avec notamment la prestation de Felix Kramer, qui déborde de charisme dans son personnage d’ex de la STASI reconverti en flic après la chute du mur, charisme renforcé par le cadrage de Christian Alvart à la réalisation. Le contraste de méthode entre les deux flics témoigne bien du clivage politique que l’Allemagne traverse à cette époque. Ce clivage est aussi renforcé par les habitants du village qui sont hostiles envers la progression de l’enquête. 

Mais le métrage repose essentiellement sur son ambiance, créant un réel intérêt pour l’intrigue chez le spectateur. En effet on retrouve une ambiance plutôt obscure, dans une campagne marécageuse allemande faisant penser au polar suédois ou bien danois. C’est surtout la nature des meurtres ainsi que les détails que le récit va nous fournir autour de ceux -ci qui accentuent cet environnement morbide. La photographie du film prend une place importante, installant une atmosphère macabre. On relève une colorimétrie très portée sur des nuances de couleurs froides, tels que le bleu ou bien le gris renvoyant directement à la mort qui plane autour des enquêteurs et du village. Les plans zénithaux apportent de l’originalité à la réalisation, proposant des axes de vue esthétiques, balayant la grandeur des friches, mais aussi des usines installées dans cette campagne.  Au fil de l’enquête les protagonistes se confrontent à divers éléments mystiques qui viennent se raccrocher au récit. Appuyé par une bande-son envoutante, revêtant une atmosphère pesante, à la limite de l’angoisse, ce mysticisme vient renforcer l’ambiance morose qui fait la force du film. 

 

          Pour conclure, Lands of Murders reste un film très inspiré de la Isla Minima, ne racontant guère plus que ce que le film espagnol propose déjà. Néanmoins le film assure dans sa réalisation, proposant une campagne allemande avec de superbes plans aériens. L’ambiance du film se synchronise parfaitement avec le thème, nous plongeant dans une ville muette dans laquelle se déroule des meurtres sordides. Le film apporte (tout comme la Isla Minima) sur le plan politique avec un final qui rappelle aux spectateurs que l’Allemagne sort d’une période de grande répression. Film à aller voir directement pour les amateurs de polar obscur. 

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Réalisé par Christian Alvart

Ecrit par Christian Alvart et Siegfried Kamml

Avec Trystan Pütter, Felix Kramer, Uwe Dag Berlin et Ben Hartmann

Produit par KMBO

Durée : 2h08

Sortie le 22 juillet 2020