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Stripped

Un film de Yaron Shani

Par Jules Richard

          Après Chained et Beloved sortis au début de cet été, Stripped vient conclure la “Love Trilogy” baptisée comme cela par le réalisateur israélien Yaron Shani. Ces trois films sont interdépendants mais traitent tous les trois des relations hommes-femmes dans la société Israélienne, précisément à Tel Aviv, la ville dans laquelle se déroule l’action. Toujours avec ce même style réaliste, quasi-documentaire dans la mise en scène. L’histoire prend la suite de celle de Rashi et sa femme Avigail ; on retrouve une intrigue autour de deux personnages. Alice, une jeune écrivaine qui porte un lourd poids sur ses épaules va faire la rencontre de Ziv, un jeune musicien qui tente d’esquiver le service militaire en obtenant le grade de musicien de prestige. Le film se penche sur l’approche de la sexualité dans la jeunesse dans la société israélienne.

 

     Ce troisième volet vient conclure toutes les thématiques abordées dans les deux premiers opus : l’amour (principal sujet de cette trilogie), la violence sociétale, la sexualité perpétuellement étouffée. Ici, il est question de mettre en avant toujours avec autant de réalisme les conflits entre générations avec le personnage de Ziv constamment opposé aux décisions de ses parents. On ressent le côté réaliste appuyé par le fait que chacun des acteurs ne sont pas des comédiens professionnels mais des figurants qui découvrent leurs textes au moment de jouer leur scène. Le métrage s’articule autour des deux personnages principaux que sont Alice et Ziv. Alice, une jeune femme qui vient d’écrire un roman, part en faire la promotion. Cependant on apprend qu’un événement assez tragique lui est arrivé. Le réalisateur nous laisse dans le flou et nous donne à voir la dépression progressive de cette jeune femme. Les plans fixes ainsi que les gros plans et l’absence de lumière dans ces scènes donnent un réel effet de décrépitude que le personnage ressent. Scène particulièrement dure à regarder surtout renforcée par le style réaliste de la mise en scène. Parallèlement à cela on assiste aux relations entre Ziv et son groupe d’amis et la difficulté pour lui d’assumer ses sentiments. On retrouve les mêmes thématiques que dans Chained et Beloved, Ziv développe au fur à mesure une frustration face à tous ses échecs, il ne parvient pas à réussir son concours de musique et doit renoncer à sa passion au profit de l'armé. Cette frustration va se transformer peu à peu en pression, ce qui va le pousser à vouloir assumer sa virilité (on retrouve ici le même concept qu’avec le personnage de Rashi vis-à-vis de sa femme). Tout cela le pousse à faire des choses dont on le croirait incapable, mise en scène qui montre lentement la déchéance éthique de ce personnage qui veux s’imposer devant son groupe mais également les regrets qu’il ressent après avoir commis les erreurs. Ces deux personnages vont alors se rencontrer, Alice s’occupant d’un documentaire sur l’armée va choisir Ziv pour en faire le sujet principal. On découvre à l'écran cette relation qui petit à petit redonne de nouveau la joie de vivre à ces deux protagonistes. Cette union des deux personnages vient parfaitement argumenter le sujet que Yaron Shani cherche à décrypter tout au long de sa trilogie, c'est-à-dire toute la complexité entre les relations hommes-femmes. Les deux personnages mêlent leurs problèmes et leurs défauts intérieurs dans cette relation, ce qui laisse au réalisateur la possibilité de donner à ce drame un final des plus sombres par l’usage d’un twist qui choque le spectateur. 

 

          Cette trilogie assez pessimiste se conclut donc sur la représentation de la pire tournure que peut prendre une relation. Cependant ce triptyque est assez fort dans sa capacité à retranscrire toute cette violence et se mal être sociétale dans lequel sont plongés les habitants de Tel Aviv. Toujours dans un style très froid mais réaliste, Yaron Shani livre trois films obscurs, représentant les travers d’une société et de ses habitants, mais nécessaires. 

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Réalisé par Yaron Shani

Ecrit par Yaron Shani

Avec Laliv Sivan, Bar Gottfried, Elad Shniderman

Produit par Black Sheep Films Productions Ltd., The Post Republic, Yes et Israel Film Fund

Durée : 2h

Sortie le 23 septembre 2020

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