Au vu du nombre de propositions du genre, le « film de potes » peut paraître peu original, arborant la formule classique de la comédie dramatique avec happy end. Heureusement quelques exceptions sortent du lot comme Matthias et Maxime de Xavier Dolan en fin 2019 ou plus récemment The Climb, premier film de Michael Angelo Covino.

 

Le film raconte différents moments de l’amitié toxique entre Kyle et Mike après que Mike ait avoué à son meilleur ami qu’il a couché avec sa fiancée.  

Si le point de départ du film est cet aveu presque impardonnable, l’élément déclencheur de l’histoire est la mort d’Ava, la femme de Mike, ex fiancée de Kyle. La première scène sert plutôt d’exposition et il n’est question que de deux choses qui se poursuivront dans tous le long-métrage : dialogues et réalisation. En un plan séquence virtuose d’une dizaine de minutes, la caméra suit les deux protagonistes à vélo et laisse place à leur discussion afin de les caractériser, eux et leur amitié. Dans cette scène absolument réussie, il est simplement question de déplacement des corps dans l’espace, filmés de face, de dos, de profil, rapprochés, à deux ou seuls.

Après cette scène excitante en manière de maîtrise du récit et de mise en scène, on pense qu’on ne pourra qu’être déçu mais au contraire de longs et sublimes plans séquences sont enchaînés dans un film que le réalisateur a choisi de découper intelligemment en chapitres qui représentent des moments signifiants de l’amitié aussi forte que toxique entre les deux amis. Sept chapitres, sept tranches de vie séparées par de longues ellipses qui nous permettent de comprendre le lien qui unit ces deux hommes, souvent en conflit mais pourtant inséparables. 

Michael Angelo Covino a aussi choisi la comédie dramatique pour The Climb mais il dissémine un comique de situation et de mots aussi subtil que souvent très drôle. On est pris dans cette histoire, on y croit, on ne rêve pas d’être à leur place mais on apprécie simplement découvrir ces deux camarades. L’intelligence dans le récit du réalisateur réside dans le fait que, sous ses airs légers (encore que...), le film aborde avec sensibilité des sujets très contemporains comme la virilité, le fondement d’une famille et son bonheur et bien sûr l’amitié avec d’un côté un Kyle qui pense que le bonheur absolu est d’avoir le profil de la vie américaine (se marier, avoir des enfants, une maison…) et de l’autre un Mike, seul depuis la mort de sa femme, vu comme égoïste, n'appréciant pas la femme de Kyle, qui, implicitement, veut faire comprendre à son ami que le bonheur ce n’est pas que ce qu’on lui a toujours appris. Avec beaucoup de tendresse, Covino livre un récit sans plonger dans la facilité d’une happy end, plus juste et touchante.

 

          Ayant remporté le Prix du Jury à Deauville et le coup de cœur d’un Certain Regard à Cannes, on pouvait se douter de la qualité de The Climb. Mais pour un premier film on est agréablement surpris de la maîtrise d’écriture, de mise en scène, et de jeu (subtil, drôle et touchant) que nous propose le réalisateur, jouant merveilleusement Mike, et Kyle par ailleurs interprété par Kyle Marvin, co-scénariste. Un film formellement virtuose, touchant et juste et un réalisateur à surveiller de près.

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Réalisé par Michael Angelo Covino

Ecrit par Michael Angelo Covino et Kyle Marvin

Avec Michael Angelo Covino, Kyle Marvin et Gayle Rankin

Produit Topic Studios

Durée : 1h38

Sortie le 29 juillet 2020